La fée Lysell grandit dans la forêt de Sinhol , partagée entre une part des ténèbres et la lueur constante d’une lumière que l’on ne peut renier. Son visage a la luminescence de la lune car elle naquit une nuit hivernale, pâleur relevée par une chevelure d’automne. Sa grâce est à l’image de la forêt , sauvage , calme et imprévisible ; elle est vêtue d’une tunique tissée de fibres de lin qui reflètent volontier les humeurs du temps . Fille de l’hiver, ses yeux s’accordent au nuances du givre , mais ils peuvent être d’ambre , couleur de la résine lorsqu’elle coule des plaies des écorces dans la chaleur de l’été , ou virer aux verts du printemps des frondaisons .
Elle suivit ses tuteurs Azalée et Samar Erabiel , partout et en toute chose, marchant dans la trace de leurs pas et de leur enseignement druidique, depuis l’aube jusqu’au crépuscule de leur départ .
A l’écoute de la faune et la flore, elle reste attentive à ses climats changeants. Samar lui offrit un Pirol-Cerf, curieux mélange entre le cerf et la pirolle des féeries. Son pelage était blanc , blanc comme la neige au jour de sa naissance, se dégradant de plumes noires jusqu’à la tête pour découvrir un bec argenté , tête arborée par une ramure dont l’extrémité des bois rappelait la forme d’une main.
"Le noir n’est pas considéré comme nuance maléfique mais correspond plutôt à une partie de nous-même qui ne craint pas les lieux sombres. Elle nous rappelle que les semences germent dans les ténèbres et que l’obscurité profonde est parfois nécessaire à notre propre connaissance." Paroles de Samar .
"Protégeons la fertilité, la force et la vitalité de tout ce qui croît au sol et dans les profondeurs de son écorce. Demeurons en prise directe avec la réalité naturelle pour intégrer toute son essence en nous , qu’elle soit agréable ou désagréable, lumineuse ou sombre , en parfaite neutralité ." paroles d’Azalée .
Elle portait en elle le sceau des saisons. Amoureuse de la vie des bois , ses mains cueillaient sans blesser et portaient le pouvoir du gel et du givre, même au cœur de l’été et la douceur printanière au cœur de l’hiver. Tel fut pris au piège un lion gigantesque qui menaçait les êtres de la forêts de Sinhol. Sa toison fauve frôlait la terre ,et la terre répondait à ses grondements, sifflements, gémissements, rugissements. Epouvantablement beau dans toute sa majesté féline à la crinière flamboyante , Lysell le regardait avec admiration et respect humant l’antique force sauvage de ce roi des rois . Il dut être châtié par un concurrent , telles sont les lois inexorables de la nature .
L’errance attise la faim … Champignons furent piétinés et broyés sous son passage comme Lutins et quelqu’autres malheureux périrent entre ses crocs affamés et cruels mais ils avaient tout à envier de la chaire tendre d’une jeune fée.
Désemparée devant le regard vide et le mutisme de ses parents à son appel au secours , seule devant l’inertie à la défendre des Dragons, dévots d’Adrien et Tréans qui auraient tôt fait de le réduire en pâté d’humus, Lysell devait faire ses preuves au regard de tous pour prouver la maîtrise de ses acquis . Insoumise devant ses craintes et absorbée par et dans ce cosmos végétale , son but était de vaincre. Concentrée dans son infinité pour ne faire qu’un avec l’essence sinholienne , elle était la forêt.
Humeur végétale maturée par l’astre du jour , Esprit de l’hiver , annonciateur des courants froids , semez brouillard !
De fins cristaux de glace accompagnés de fines particules d’eau crurent dans la clairière ,ainsi chacun devint invisible. Lysell aimait les jeux de cache - cache .
De rage le lion rugit , mais imperturbable , il la chercha au sein de la brume se fiant à son odorat.
Lysell se laissa guider par les bras végétaux qui ouvrait un passage à chaque pied posé.
Chlorophylle exulte ton élixir !
Le lion n’y prit pas garde et il s’égara jusqu’à l’oubli presque de son dessein , mais son instinct de fauve et son appétit grandissant l’emportaient devant cette charismatique proie aux senteurs fruitées qui lui faisait front malgré sa fragile apparence. On pouvait juste apercevoir ses crocs étincelants et ses yeux derrière le voilage cristallin . Ses deux trous ardents ressemblaient à la mort épiante et cruelle . Il était prêt à bondir ; ses flancs tremblaient , en transe , pleins de tonnerre ; ses oreilles s’aplatissaient en arrière contre sa tête de géant ; l’onde de ses lèvres ruisselait . Il haletait d’impatience , son souffle avait l’odeur de la braise , la braise d’un four . Dans son impatience trop longtemps contenue, il prit son élan pour traverser l'écran de brume et de vapeurs d’essences .
La fée était calme et rien ne put la décontenancer dans son immersion.
Sève déploie ta force brute !
L’instant d’une flèche tirée, une armée de lianes tentaculaires jaillit de la terre immobilisa les pattes du fauve au prémisse de son bond fatal et l’enveloppa ne lui laissant aucunement l’initiative de se débattre. Couvertes de rosées et de petites gouttes d’eau , des plantes à feuilles roulées en l’air comme des cornes d’abondance , l’aspergèrent de leur substance qui le relaxa ainsi dans un sommeil irréparable. Une multitude de lobes à mâchoires garnies de dents effilées et assassines "hacheva" la bête dans une frénétique fringale.
Petits lutins qui n’avaient pas perdu une seule miette de la scène cachés derrière les troncs d’arbre dans la circonférence de la clairière , applaudirent la victoire de la petite Lysell avec un mélange d’effroi et d’appréhension devant l’appétit vorace des plantes carnivores et les dons en herbe de cette jeune druidesse.
Bonne digestion ! conclut elle
Ses parents ont à présent rejoint les Haut lieux de la Féerie léguant ainsi la forêt de Sinhol à la nouvelle intendante.
En grandissant , Lysell acquit une nature propre et les pensées complexes qui en sont inséparables.
Entre les fûts de bouleaux blancs, elle s’est bâtit une demeure, tressant entre elles les branches en murs, tissant les feuilles en toit, oubliant d’élever une porte, vivant d’eau et d’intemporalité.
Elle ressentait en elle , l’héritage de cet amour de tout ce qui croît portant pousse et bourgeon , fleur et épine et finit par avoir plein pouvoir sur la verte vie des bois , exploitant ses dons druidiques .
Les guerres ,inlassablement étaient venues souiller des peuples de féerie , juste pour satisfaire, un ego démesuré , la soif de conquérir, d’explorer et construire sans relâche sans se soucier de l’écosystème. Les saisons et les calendriers perturbés menaçaient d'agoniser sans l’énergie abolie par la rupture des cycles . Les flux d’interdépendances permettant le maintient et le développement de la vie commençaient à être endommagés. Ainsi , des espèces animales, créatures et végétaux disparaissaient des forêts notamment les Pirol- Cerfs. L’essence et le soufre devenaient âcres . Les rivières et la forêt de Sinhol avaient résisté aux humeurs des hordes polluantes sevées d’orgueil grâce à la puissante barrière végétale entretenue dans la vigueur de toute son essence . Force concentrée chlorophyllienne au cœur d’elle-même et entretenue par les rites de la druidesse consacrés à son dieu Adrien . La menace d’extinction de certaines contrées de féeries environnantes semait la dissonance et la peur du petit peuple de la forêt de Sinhol.
Son inquiétude engendra une rencontre , l'écho d'une puissance à laquelle elle ne s’était pas attendue , dans son existence retranchée dans les labyrinthes de sa forêt . Elle répondit à l’appel des Ayor, confrontés au Lion comme elle , à l’aube de leur enfance .Elle fait à présent partie de leur fratrie les LiOnS d`AsTrIde . Le lien qui les uni est devenu une arme , force brute , dans l’osmose de la Quintessence végétale et de l’Illusion. Elle espère préserver l’écosystème , ainsi relever le défit de ceux qui abusent de leur force au sein de Kalamai et au-delà de ses frontières ;
Dans les nuances de la sève saisonnière, elle marche et vole en se fondant dans les barrières d’Illusion, avec un regard de rivière gelée , opaque et insensible recouverte de la peau du dernier Pirol- Cerf.
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Mer 12 Mar - 14:08